Chemins : roman / Michèle Lesbre


Chemins : roman / Michèle Lesbre. Paris : Sabine Wespieser éditeur. 02/2015. 141 p.



Michèle Lesbre a une écriture sans fioriture, simple et très soignée. Pas un mot de trop, juste la bonne dose pour brosser l'histoire des personnages qui jalonnent son œuvre.

Si dans "Ecoute la pluie", elle nous parlait d'une histoire d'amour et de sa fin, de la rupture, de la fin des sentiments, "Chemins" parle de son histoire personnelle, et part à la recherche, à la découverte de son père.

Elle a peu de souvenirs de son père, mais un roman lui est intiment attaché : "Scènes de la vie de bohème" de Henry Murger dont elle cite l'objet page 29 : "Ce livre est consacré à l'existence aventureuse des jeunes artistes, à leur lutte pour parvenir, pour subsister sans abandonner la fantaisie ni la gaieté, sans rien concéder au matériel ; pour maintenir un idéal philosophique imprécis et cependant déterminé par les réactions qu'il impose".

Michèle Lesbre n'a jamais reconnu dans cette quête d'absolu, l'homme qui était son père : sombre, coléreux.

Michèle est tant obsédée par la quête de ce père, que le jour où elle remarque un homme, assis sous un réverbère, si absorbé par la lecture d'un livre qu'il semble voyager, elle est convaincue que ce lecteur conquis dévore l'œuvre de Murger, que son père adorait tant.

Michèle Lesbre va partir en voyage, presque en pèlerinage sur les pas de son histoire, et de ses racines, de ses souvenirs.
Elle emporte avec elle "Scènes de la vie de bohème" qu'elle n'avait pas osé ouvrir pour faire connaissance avec son géniteur, avec ce livre qui représentait jusqu'alors comme un objet interdit.

Petit essai sur l'enfance et les souvenirs, jalonnés de regrets de ne pas avoir gardé plus de traces de son enfance.
Elle y parle de la mésentente de ses parents, qui se disputaient et rendaient l'atmosphère familiale pesante. Ambiance qui lui a, enfant, donné souvent l'envie qu'il parte, et que le calme revienne.

Qui était donc fondamentalement ce père dont elle fait la connaissance à 3 ans, et la promenait sur sa moto, et qui a semblé avoir une soif d'absolu ?

Est-ce son amour déçu qui l'a rendu distant et austère, l'a tant transformé ? Ou était-il resté cet homme idéaliste qui aimait la vie, mais dont sa fille a ignoré la personnalité ?

Joli témoignage de la relation au père, que l'on espère, et qui n'est jamais celle que l'on reçoit.
Joli récit de ce que les personnes qui nous sont les plus proches paraissent être, et sont réellement au plus profond de leur âme.

Michèle Lesbre a une sublime écriture, qui donne aux faits les plus simples ou mélancoliques, une valeur rare.

Ⓒ Véronique Meynier. Article mis en ligne le 04/04/2015 et mis à jour le 10/09/2023. Mon Blog de Conseils de Lecture - Ma Bibliothèque Idéale.

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