La Nuit de feu / Eric-Emmanuel Schmitt
La Nuit de feu / Eric-Emmanuel Schmitt.- Paris : Albin Michel, 09/2015, 182 p.
Conseils de lecture de l’œuvre d’Eric-Emmanuel Schmitt : Journal d’un amour perdu ; L’Elixir d’amour ; Si on recommençait.
«A vingt-huit ans, Eric-Emmanuel Schmitt entreprend une randonnée dans le grand sud algérien. Au cours de l’expédition, il perd de vue ses compagnons et s’égare dans l’immensité du Hoggar. Sans eau ni vivres durant la nuit glaciale du désert, il n’éprouve nulle peur mais sent au contraire se soulever en lui une force brûlante.» (4ème de couverture).
Cette force, cette lumière qui lui donne l’énergie de survivre, de croire en lui, plutôt que de sombrer dans l’angoisse de cette solitude, et dans le désespoir que s’être perdu signera sa mort, est une foi soudaine qui l’apaise, le met «en joie pour l’existence entière.» (p. 183).
Venu avec un réalisateur dans le désert sur les traces de Charles de Foucauld, découvrir l’ermitage de l’Assekrem, Eric-Emmanuel Schmitt, aborde ce voyage sans autre objectif particulier.
Il ne présage pas que ce périple changera sa vie, son esprit à jamais.
Pourtant, une nuit où il se perd représentera une étape mystique définitive pour lui.
La Nuit de feu, titre de cette révélation chez l’auteur est une référence à Pascal, lui-même touché par la foi la nuit du 23 Novembre 1654.
Charles de Foucauld lui-même, raison, fondement de cette expédition en Algérie, sur ses pas de Tamanrasset à son ermitage de l’Assekrem, pour le projet d’un film à écrire sur cet officier, dont la foi lui tomba brutalement dessus en Octobre 1886 en entrant dans l’église Saint-Augustin à Paris, pour demander à l’abbé Huvelin des cours de religion.
Eric-Emmanuel Schmitt a, comme un Pascal, un Foucauld, été touché de cette révélation, d’une foi subite, sans signe préalable. Mais sans aucun doute possible.
«Lors de ma nuit au Sahara, je n’ai rien appris, j’ai cru.» (p. 180).
«Je n’ai fait qu’éprouver, je ne prouverai donc pas, je me contente de témoigner.» (p. 183).
«Une nuit sur terre m’a mis en joie pour l’existence entière.» (p. 183).
Récit, témoignage inattendu d’un croyant qui donne envie de recevoir une même révélation, un même cadeau semblant donner une force, un mode d’emploi pour agir. Pour se protéger des dangers.
Comme le prouve l’ancienne attente d’un Eric-Emmanuel Schmitt athée, qui «s’indignait, que Dieu, en cas d’injustice ou de cataclysme, n’intervînt pas pour chacun !» et qui après sa nuit de feu comprend que «Dieu n’est pas Celui qui sauve les hommes mais Celui qui leur propose de penser à leur salut.» (p. 182).
Adepte inconditionnelle de l’œuvre, de la plume d’Eric-Emmanuel Schmitt, ce témoignage plus intimiste restera une belle lecture, une excellente découverte pour moi.
Une autre facette d’un auteur que je découvre encore par ce récit.
© Véronique Meynier, le 16/07/2022.
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