La Petite fille de Monsieur Linh / Claudel Philippe
La
petite fille de Monsieur Linh : roman / Philippe Claudel.- Librairie Générale
Française, 09/2007, 183 p. (Le Livre de Poche : 30831).
Citations de Philippe Claudel. Conseil de lecture : Le Bruit des trousseaux
de Philippe Claudel.
«C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses
bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le
vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul à savoir qu’il s’appelle ainsi
car tous ceux qui le savaient sont morts autour de lui.
Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays, celui de ses ancêtres
et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort.» (1ère phrase).
Ce roman de Philippe Claudel évoque l’exil, l’abandon, la mémoire d’une
Terre dont Monsieur Linh s’enfuit pour ne pas y mourir.
Son pays d’accueil est gris, sa langue est autre, et ferme les portes aux
rencontres, aux échanges.
Monsieur Linh se raccroche à sa petite-fille, la fille de son fils, mort.
Elle se prénomme Sang Diû, autrement dit «Matin doux» dans la langue de son
pays.
Monsieur Linh la couve des yeux, lui chante une ritournelle du pays pour la
calmer, lui transmettre les mots dans sa langue.
Mais Sang Diû est calme, une enfant tranquille, toujours si tranquille ...
Et Monsieur Linh veille chaque seconde sur elle et son bien-être.
Ce roman de Philippe Claudel n’est pas fait d’actions.
Il relate jour après jour, page après page, les nouveaux lieux que ces deux
personnages tentent d’apprivoiser. Dans un quotidien immobile, morne, banal.
Une nouvelle vie qui s’est endormie, et où le jour d’après est semblable à tous
les précédents. Jours immobiles, jours d’ennui.
Mais ce n’est bien sûr pas le suspens qui est bluffant à la lecture du
roman de La Petite fille de Monsieur Linh.
C’est la chute. Chute extraordinaire, comme dans une magistrale Nouvelle où
l’épilogue redistribue le cadre, et toutes les impressions, la consistance des
personnages, l’ensemble de l’histoire.
L’habit ne fait pas le moine. Et il ne faut jamais se fier aux apparences,
trompeuses, toujours plus que nous l’imaginons.
Philippe Claudel signe avec La Petite fille de Monsieur Linh un
roman étrange dont le regard du lecteur change en refermant la dernière page.
© Véronique Meynier, le
22/12/2021.
Commentaires
Enregistrer un commentaire