A la ligne / Joseph Ponthus (Feuillets d'usine)
Un autre roman à lire sur la classe ouvrière : Après le silence de Didier Castino
Récit d'un travailleur social, éducateur dans la région parisienne, qui pour suivre son épouse part en Bretagne.
En quittant son travail et sa région, il se retrouve au chômage, et fait appel aux agences d'intérim pour faire quelques temps un travail alimentaire jusqu'à retrouver un emploi dans son domaine, l'humain, le social.
L'intérim, ce sera finalement l'usine, le travail à la chaîne, physique, difficile, déshumanisé.
Cette parenthèse pour gagner de quoi vivre aura lieu en horaires décalés, souvent la nuit, quand le reste des travailleurs plus chanceux dort ou profite de la vie, de son temps libre, de ses proches.
Joseph Ponthus dégaine ses feuillets d'usine au gré de ses différentes expériences d'ouvrier -dans une usine de poisson frais ; à un improbable poste d'égoutteur de tofu ; dans un abattoir.
Ses missions s'avèrent de plus en plus éprouvantes tant par la charge physique liée à chaque poste que par la rudesse de chaque heure de travail et des conditions où elle s'exerce (changement d'horaires au dernier moment ; travail de nuit ; travail le week-end ; route en vélo ou covoiturage qui se voit annulé pour cause de changement de planning de l'équipe, et qui oblige d'une manière absurde à aller travailler en taxi pour ne pas risquer de perdre son travail alors que la paie de la nuit est perdue dans la course).
Si le rythme, la cadence, la fatigue sont infernales, Joseph Ponthus a la chance d'avoir fait des études, d'aimer écrire. Savoir que ce qu'il vit tous les jours laissera une trace le maintient debout.
A la ligne est un magnifique hommage aux travailleurs de toutes les usines qui triment dans la nuit, dans l'obscurité et dans le courage est ici mis en lumière.
La lecture d'A la ligne présente ce monde du travail ouvrier au quotidien, et fait prendre pleinement conscience que le commun des salariés n'a pas en comparaison beaucoup de raisons de se plaindre.
Travailler dans sa branche, être sûr d'y être encore demain, avoir des horaires classiques, ne pas répéter indéfiniment une tâche fatigante est un luxe sous-estimé.
Enfin, ce livre est une preuve indéniable que plus la vie est difficile, plus la solidarité, la gentillesse sont présentes, comme en témoignent les jolies rencontres que l'auteur fait dans ces usines, si froides et hostiles vues de l'extérieur.
Ode surtout au fait que rien, aucune tâche ne résumera jamais ce que nous sommes au plus profond de nous.
Tenir debout, au-dessus de la ligne que le statut de travailleur laisse apparaître de nous, une face limitée de ce que nous sommes, et avons l'envie de devenir.
Récit d'un travailleur social, éducateur dans la région parisienne, qui pour suivre son épouse part en Bretagne.
En quittant son travail et sa région, il se retrouve au chômage, et fait appel aux agences d'intérim pour faire quelques temps un travail alimentaire jusqu'à retrouver un emploi dans son domaine, l'humain, le social.
L'intérim, ce sera finalement l'usine, le travail à la chaîne, physique, difficile, déshumanisé.
Cette parenthèse pour gagner de quoi vivre aura lieu en horaires décalés, souvent la nuit, quand le reste des travailleurs plus chanceux dort ou profite de la vie, de son temps libre, de ses proches.
Joseph Ponthus dégaine ses feuillets d'usine au gré de ses différentes expériences d'ouvrier -dans une usine de poisson frais ; à un improbable poste d'égoutteur de tofu ; dans un abattoir.
Ses missions s'avèrent de plus en plus éprouvantes tant par la charge physique liée à chaque poste que par la rudesse de chaque heure de travail et des conditions où elle s'exerce (changement d'horaires au dernier moment ; travail de nuit ; travail le week-end ; route en vélo ou covoiturage qui se voit annulé pour cause de changement de planning de l'équipe, et qui oblige d'une manière absurde à aller travailler en taxi pour ne pas risquer de perdre son travail alors que la paie de la nuit est perdue dans la course).
Si le rythme, la cadence, la fatigue sont infernales, Joseph Ponthus a la chance d'avoir fait des études, d'aimer écrire. Savoir que ce qu'il vit tous les jours laissera une trace le maintient debout.
A la ligne est un magnifique hommage aux travailleurs de toutes les usines qui triment dans la nuit, dans l'obscurité et dans le courage est ici mis en lumière.
La lecture d'A la ligne présente ce monde du travail ouvrier au quotidien, et fait prendre pleinement conscience que le commun des salariés n'a pas en comparaison beaucoup de raisons de se plaindre.
Travailler dans sa branche, être sûr d'y être encore demain, avoir des horaires classiques, ne pas répéter indéfiniment une tâche fatigante est un luxe sous-estimé.
Enfin, ce livre est une preuve indéniable que plus la vie est difficile, plus la solidarité, la gentillesse sont présentes, comme en témoignent les jolies rencontres que l'auteur fait dans ces usines, si froides et hostiles vues de l'extérieur.
Ode surtout au fait que rien, aucune tâche ne résumera jamais ce que nous sommes au plus profond de nous.
Tenir debout, au-dessus de la ligne que le statut de travailleur laisse apparaître de nous, une face limitée de ce que nous sommes, et avons l'envie de devenir.
Joseph Ponthus est décédé d'un cancer, le 24/02/2021. A la ligne, livre magnifique sera donc le seul roman de cet auteur.
A lire aussi sur la classe ouvrière : Après le silence de Didier Castino
ⓒ Véronique Meynier, le 06/06/2021.
ⓒ Véronique Meynier, le 06/06/2021.
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