Trop / Jean-Louis Fournier
Citations de Jean-Louis Fournier. Conseils de lecture de l'œuvre de Jean-Louis Fournier : Il n'a jamais tué personne mon papa ; Je ne suis pas seul à être seul ; Le CV de Dieu ;
Pas d’effet de manche ni d’effet
de style, dans ce petit essai qui se lit
en une heure.
On pourrait même faire le
reproche à Jean-Louis Fournier d’utiliser un procédé facile et de publier un livre
sur une idée originale au début, mais qui perd forcément de son intérêt à la
fin de l’ouvrage.
L’auteur liste une quarantaine de
domaines (radios, livres, produits de beauté ou produits laitiers).
Tous les thèmes se succèdent au
fil de «chapitres», qui ne se résument parfois qu’aux noms des stations de
radio ou des parfums de yaourts.
Mais cet essai me plaît.
D’une manière rusée, Jean-Louis
Fournier qui ne semble pas approfondir le sujet, mais seulement examiner d’un
air amusé l’abondance et la variété des produits proposés dans les
hypermarchés, pointe du doigt le ridicule de notre société de consommation
outrancière.
Il met l’accent sur la
transformation absurde qu’a subi tout objet : un produit de consommation à
seule valeur marchande sans valeur d’usage ou liée à un réel besoin.
La variété des produits et l’embarras
du choix aboutissent à des situations cocasses : un enfant jugé original
car il choisit un yaourt «nature», alors que tant de choix plus sophistiqués,
plus attendus existent, et que le naturel paraît être le choix du «pauvre», le mauvais
choix.
Grotesque aussi, mais pas absurde
d’assister aux courses d’une ménagère venue chercher un produit de nettoyage,
et la voir culpabiliser, regretter son achat par doute sur LE choix qu’elle a
fait.
Dans ce rayon gigantesque,
a-t-elle su sélectionner le produit dont elle avait besoin ? Pas sûr.
Critique enfin de cette société
où l’argent est roi, et où la valeur des choses est réduite à néant.
Critique d’une société où la
quantité a remplacé la qualité, où l’enfant gâté, blasé ne fait plus attention
aux cadeaux qu’il reçoit, trop nombreux, trop prévisibles, sans intérêt puisque
sans surprise ni attente.
Dernier plaisir de ce livre :
une scène dans une pâtisserie où deux enfants viennent manger un gâteau. L’un habitué
à consommer tout sans retenue ni modération a les yeux plus grands que le
ventre et aura une indigestion, et un autre qui n’a qu’une pièce et qui se
régale déjà des yeux pour ne pas gaspiller sa pièce et faire le bon choix, en
prenant un plaisir désuet et essentiel, celui de l’attente et de l’excitation
de celui qui ne pourra pas tout s’acheter.
«Trop» de Jean-Louis Fournier n’est
pas l’essai du siècle.
Mais pour la fraîcheur, la
sincérité de Jean-Louis Fournier, et pour la vérité qu’il contient : que
notre société de consommation est à changer, que l’excès dans lequel elle
nous entraîne est le nouveau fléau du siècle, je vous le conseille.
Dans le même genre, sur un thème
très proche, je vous recommande aussi «Regarde les lumières mon amour», le
dernier essai d’Annie Ernaux.
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