Tenir jusqu’à l’aube : roman / Carole Fives


Tenir jusqu’à l’aube : roman / Carole Fives.- Paris : Gallimard, 06/2018, 176 p.

Citations de Carole Fives. Conseils de lecture des romans de Carole Fives : TérébenthineQue nos vies aient l'air d'un film parfait.


Quel plus beau rôle occuper sur la Terre, quel plus beau métier du monde exercer, que celui d’Etre Mère ? Aucun statut, métier, rôle ne peut remplacer la place, le sentiment intense d’Etre Mère. Mais jusqu’à une certaine limite, à partir du moment où Notre vie ne se résume pas qu’à cela : Être MÈRE et n’être que CELA… Chaque seconde de notre vie, de notre nuit, jusqu’à l’aube…

Tenir jusqu’à l’aube brosse le portrait d’une mère célibataire dont la seule occupation est de prendre en charge son fils de deux ans. Elle a bien d’autres projets. Mais il lui dévore tout son temps… Aussi, ses projets peuvent bien attendre…

Son quotidien l’oppresse, lui pèse, et elle rêve de légèreté, de simplement pouvoir prendre l’air. Son rêve devient dangereux lorsqu’elle sort, fugue, quelques minutes, ou une heure le soir tombé, en laissant son enfant seul, endormi dans l’appartement.

Le sommeil de l’enfant durera-t-il toujours le temps de son absence de plus en plus longue ? et cette prise de temps pour soi en acceptant les risques liés à ce manque de surveillance de son fils resteront-ils sans conséquence ? Un accident ne peut-il pas surgir et mettre fin tragiquement à cette prise de liberté si fragile et inconsciente ?

Le portrait est celui d’une mère aimante, mais dont l’étouffement par le quotidien de contraintes fait dévier d’un comportement responsable à une attitude inquiétante, pour une seule envie irrépressible de s’échapper de ce rôle de mère, devenue une prison, dont chaque échappée d’entre les barreaux vaut bien un petit risque, pour prendre un bol d’air et ne pas s’asphyxier. Pour rester vivante ! L’envie de sortir est si forte qu’aucune conscience, qu’aucun argument ne pourrait la contrecarrer. Et puis, c’est bien connu, il ne peut rien arriver chez soi… L’enfant dort, il ne peut rien se passer…

Tenir jusqu’à l’aube est un portrait captivant d’une femme qui aime son enfant, mais qui se noie dans un quotidien où personne ne lui tend la main. Et cela malgré ses appels à l’aide…

Carole Fives signe dans ce roman une histoire ordinaire, où sentiments contradictoires et culpabilisants assaillent et font d’habitude fonction de rails, de sagesse chez la mère seule.

Là, son personnage se laisse aller à écouter sa petite voix intérieure, celle qui nous incite à suivre la direction qui mène souvent sur le plaisir immédiat et qui coûte souvent très cher par rapport à ce qu’il nous a fait gagner sur les défauts de notre existence. Ce roman se lit d’une traite, le lecteur est sur le fil, inquiet de CE que ces fugues vont pouvoir provoquer, il lit Tenir jusqu’à l’aube, et a un œil sur l’enfant endormi laissé seul par sa mère partie dans les rues de Paris…

Bonne lecture !

© Véronique Meynier, le 08/03/2020.

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