Lambeaux / Charles Juliet
Lambeaux / Charles Juliet.
Paris : Gallimard, 1997. 154
p.
Autobiographie très émouvante de
l’auteur, Lambeaux est avant tout le tendre portrait de femmes, les «deux
mères» de Charles Juliet.
De la 1ère, la
biologique, il n’a gardé que peu de souvenirs.
Elle était l’aînée de la famille,
et a eu très tôt le rôle d’une petite mère pour ses frères et sœurs.
Arrachée de l’école qu’elle
aimait tant, pour travailler à la ferme et s’occuper des enfants, elle souffre
de ne pouvoir accéder à la vie à laquelle elle aspire. Elle rêve d’instruction,
d’un monde rempli de livres, et est heurtée par la dureté de ses parents, avec
lesquels la communication est très sommaire.
Il n’y a pas le moindre espoir de
dialogue, d’échange face à cette autorité naturelle, rigide, où l’homme prend
toute la place pour écraser sa fille par un silence si pesant et plein de
reproches.
Il aurait tant aimé avoir un fils
qui aurait pu reprendre la ferme familiale. Sa faute suprême et impardonnable
est d’être née femme.
Son mariage est décevant, et pas
plus source de communion, de partage, d’épanouissement, que lorsqu’elle était enfant.
L’homme semble être là non pour
aimer, mais pour dominer, qu’il soit père ou époux.
Les grossesses rapprochées la
fatiguent, et une désespérance de vivre s’empare définitivement d’elle. Elle
tente d’attenter à ses jours, et son mari l’interne en hôpital psychiatrique,
où la violence de la guerre la laissera mourir de faim, alors qu’elle n’a que
38 ans.
Orphelin, Charles Juliet est
confié à une femme, mère de nombreux enfants. Cet accueil qui devait être
temporaire va être définitif. Un attachement réciproque rendra impossible une
séparation.
Laborieuse, et courageuse, cette
femme ne se plaint jamais, mais sa
journée est remplie de corvées, qu’elle assume comme si sa vie était facile.
Généreuse et aimante, Cette maman
de substitution est restée dans le cœur de l’auteur, qui relate ses années
d’enfance avec une grande émotion.
Sa famille d’accueil l’envoie à
Aix-en-Provence, à l’Ecole d’Enfants de Troupe, école militaire.
Il y passera de longues années,
et y construira ses plus fidèles amitiés.
Mais le monde militaire, carré,
modelé n’est pas le sien.
Il ressent de plus en plus
profondément un besoin d’écrire. Cette passion est de plus en plus dévorante.
Charles Juliet veut devenir écrivain.
Dès qu’il le peut, il quitte le
monde militaire pour se consacrer à ce que doit être sa vie, l’écriture.
Autodidacte, il sa se plonger
dans l’univers des livres, et des écrivains, dont il se sent proche, mais dont
il ignore tout.
Chanceux avec les femmes, son
épouse pressent qu’écrire pour Juliet n’est pas un caprice mais une nécessité.
Elle travaillera pour lui permettre de réaliser son destin d’écrivain.
Roman autobiographique court, au
style sobre et étincelant, où Charles Juliet rend le plus bel hommage aux femmes
qui l’ont aimé.
ⓒVéronique Meynier, le 14/03/2014. Article mis à jour le : 08/05/2023. Blog de Conseils de lecture Ma Bibliothèque Idéale.
ⓒVéronique Meynier, le 14/03/2014. Article mis à jour le : 08/05/2023. Blog de Conseils de lecture Ma Bibliothèque Idéale.
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