Comme un roman / Daniel Pennac
Comme un roman / Daniel Pennac. Paris : Gallimard, 1992.
Essai qui examine le plaisir de lire, ses mécanismes et ses
obstacles.
Pennac nous replonge dans un plaisir d’enfance, et nous
fait nous remémorer la joie intense, la complicité qui existe entre un enfant et le jeune parent, devenu conteur de chaque soir pour permettre
une douceur propice à l’endormissement.
Moment magique où l’enfant réclame la même histoire, bercé
par le même conte qu’il peut facilement réciter de mémoire.
Rires, peurs, émotions, ces moments complices donne à l’enfant le désir de
grandir pour avoir la chance d’apprendre lui aussi à lire.
Chance qui se transforme souvent en conflit de génération, où l'adulte exige un devoir de lecture à l'adolescent qui n'y voit plus qu'une corvée.
Point de vue de l'auteur qui analyse les raisons de cette malheureuse évolution. Le paradoxe de l’école et de son système est de dégoûter le
fabuleux petit lecteur de la littérature. Alors que l'amour de la lecture se transmet facilement dans un moment de jeu sans enjeu, l'école évalue et contrôle, dissèque les textes que l'élève doit ingurgiter ; le plaisir de lire n'est plus au programme, qui impose simplement de lire certains auteurs, d'être apte à les commenter, non à les aimer.
Pennac ne fait pourtant pas le procès de l’école. En tant
qu’ancien professeur de Lettres, et passionné de bonne littérature, il évoque
les exemples qui fonctionnent, car décalés des attentes des élèves : lecture gratuite dans la classe pour redonner le goût de lire.
Georges Perros est ici également évoqué en tant que
professeur atypique, simple lecteur auprès de ses étudiants, qui se souviennent
plus de ces heures passées à la découverte de grands auteurs que durant tous les
cours ou l’enseignement du Français était fidèle aux directives ministérielles.
Le grand intérêt de cet essai est qu’il libère le lecteur de
tout scrupule face à la lecture et aux auteurs.
Il prône un pur plaisir à lire, et autorise toutes les libertés
en cas d’ennui : interruption de la lecture, lecture aléatoire...
C’est la bible des parents ou éducateurs qui souhaitent
faire partager leur amour de la lecture à leurs enfants ou élèves, en évitant
de tomber dans les pièges les plus absurdes qui ont les effets
contraires : arrêter de lire des histoires aux enfants sous prétexte
qu’ils savent lire tous seuls, punir de télévision un adolescent qui n’a pas
réalisé son devoir de lecture (lire=corvée ; Télé=plaisir/récompense).
Conseils avisés et qui mettent un coup de pied dans des idées reçues. Il n'est pas vrai que la nouvelle génération n'aime pas lire, mais pour lui transmettre cette passion, et qu'elle perdure, il est important de ne pas commettre quelques erreurs qui peuvent atténuer la flamme.
(c) Véronique Meynier, le 04/02/2013
(c) Véronique Meynier, le 04/02/2013
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