Le silence de la mer / Vercors (Jean Bruller)




Cette nouvelle, paraît en 1942 sous l'occupation, et son auteur reste tout d'abord secret, en livrant ce huis clos sur la résistance.

Vercors nous invite chez une jeune femme qui vit avec son vieil oncle. Pour cause de guerre et d'occupation allemande, ils se voient contraints de supporter la présence de l'Officier Werner Von Ebrennac.

Cette situation pesante, tous deux décident de l'ignorer et de conserver leurs habitudes comme si rien n'avait changé sous leur toit.

L'Officier décide lui, de les rejoindre tous les soirs pour les entretenir de son histoire et de son amour de la France. Contre toute attente et tout manichéisme, cet ennemi juré, cet hôte non grata, s'avère être un homme sensible, cultivé, partageant l'amour de la musique présent chez la jeune femme.

Malgré ses qualités et ces affinités réelles, le vieil homme et sa nièce se bardent d'un magistral silence, arme de leur résistance à l'ennemi. Seule le son de la voix de l'officier emplira la pièce où tous trois se retrouvent chaque soir.

Ce mutisme poussé au paroxysme rend l'atmosphère pesante, et cette dignité qui ne pliera pas fait l'admiration de l'Allemand.
Mais celui-ci, musicien et sensible s'illusionne dans les objectifs de ses chefs, et imagine qu'une relation fraternelle, d'égal à égal pourra renaître de cette guerre.

Rejoindre ses amis quelques jours lui permettra de devenir lucide et de comprendre que les nazis ne souhaitent rien construire avec la France, et que le croire n'est qu'une preuve de sa naïveté.

Il reviendra leur faire ses adieux et annoncer qu'il part sur le Front. Dans sa désespérance, et sa profonde désillusion, la mort semble être tentante.

Nouvelle sobre et élégante, où pas une action n'a lieu.

La force des personnages, de leur courage et de leur profondeur rend cette nouvelle intense, non par l'action, le suspense, mais par cette façon d'Etre et de ne jamais subir.
Le silence est ici retentissant, et vaut tous les coups de sang du monde.
Dignité. Courage. Profondeur. Indépendance : 4 mots qui se traduisent dans ces quelques pages par un sublime Mutisme.   

(c) Véronique Meynier, le 18/12/2012.

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