Ceci n'est pas un fait divers / BESSON Philippe

Ceci n'est pas un fait divers : roman / Philippe Besson.- Paris : Julliard, 2023, 203 p.

Citations de Philippe Besson. Conseil de lecture du roman La Maison Atlantique de Philippe Besson.

"Ils sont frère et sœur. Quand l'histoire commence, ils ont dix-neuf et treize ans.

Cette histoire tient en quelques mots, ceux que la cadette, témoin malgré elle, prononce en tremblant : "Papa vient de tuer maman"." (4ème de couverture).

Ce roman dramatique a germé dans la tête de Philippe Besson, après avoir entendu un homme lui énoncer un jour cette phrase : mon père a tué ma mère. Ce qui habituellement, n'alimente que les journaux et la rubrique des Faits divers par quelques phrases. Sans rien connaître de la vie de ces gens.

Or, ce fils entendu par l'auteur, ou ce frère et cette sœur inventés pour le roman ne sont pas uniquement des victimes collatérales. Qui ne souffriraient pas. Qui n'auraient pas le droit de s'exprimer. Pas Le droit d'être écoutées, pas la légitimité d'être entendues. Car ce qui est évident est qu'elles ne sont pas victimes collatérales. Mais victimes à part entière.

Bien sûr le féminicide est avant tout le meurtre d'une femme. Et c'est de cela que tout le monde parle, et s'émeut. En faisant une croix sur la famille. Et ses traumatismes.

Pourtant, quelle vie peut être celle d'enfants dont le père, qui était protecteur pour eux, se transforme du jour au lendemain, en meurtrier de leur mère, de celle qu'ils aimaient tant et dont ils recevaient un amour inconditionnel ?

A lire Ceci n'est pas un fait divers, le lecteur se met à la place de celui et de celle, dont la vie brutalement bouleversée, ne pourra plus jamais reposer sur des bases solides et confiantes.

Ce drame sera dans leur tête et leur cœur définitivement, et leur manière d'être au monde, de se comporter avec les autres ne pourra jamais être inconscient, heureux ou insouciant. Ils vivront plus que les autres. Mais dans l'Instant.

Ils n'ont pas été touchés physiquement par l'arme du meurtrier. Mais leurs blessures ne guériront jamais complétement.

Leur chagrin n'a rien à voir avec le journal qui après les avoir mentionnés tournera la page pour se ruer sur d'autres actualités, et passera tranquillement à autre chose. Finira à la poubelle.

Philippe Besson donne du temps à ce frère et à cette sœur pour, dans ces pages, avoir le temps de se parler, de faire preuve de soutien, et pouvoir s'épauler après la perte de leur mère dans des conditions, qui pour pouvoir se relever, obligent à se poser et à ne pas être brusqué, comme s'ils n'avaient eux-mêmes été confrontés à rien d'anormal.

ⓒ Véronique Meynier, Article écrit le 10/11/2023 pour être partagé sur Mon Blog Littéraire - Mes Conseils de Lecture - Ma Bibliothèque Idéale. Mis en ligne le 03/02/2024 à 11H24.

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