Le bruit des trousseaux / Philippe Claudel
Le bruit des
trousseaux / Philippe Claudel.- Paris : Stock, 2002 ; Ed. Librairie
Générale Française, 11/2005, 116 p. (Le Livre de Poche : 3104).
Citations de Philippe Claudel. Conseil de lecture du roman La Petite fille de Monsieur Linh de Philippe Claudel.
«Sur le trottoir,
la première fois où je suis sorti de la prison, je n’ai pas pu marcher
immédiatement. Je suis resté là, quelques minutes, immobile. Je me disais que,
si je le voulais, je pouvais aller à gauche, ou bien à droite, ou encore tout
droit, et que personne n’y trouverait à redire.»
Ces premières
lignes de ce récit, que Philippe Claudel décrit comme un témoignage, plus précisément
un faux témoignage de ce qu’est la vie en prison, sont issues de ses
onze années d’activité, comme professeur de français, auprès de détenus.
S’il évoque lui-même
la partialité de son récit ou lui attribue l’appellation de faux témoignage,
c’est que chaque fois qu’il s’est rendu en prison, il allait au travail, et savait
qu’il en ressortirait après ses heures d’engagement. Pour témoigner vraiment de
la prison, Philippe Claudel signale avec raison, qu’il faut y avoir été enfermé,
y être contre son gré.
Philippe
Claudel dans Le bruit des trousseaux témoigne pourtant de cette vie
parallèle, si particulière, dont on sait si peu.
Il parle des
détenus, des gardiens de prisons. De l’humanité présente, dans les moindres
signes, -poignées de main, vouvoiement- qui apparaissent, ici, essentiels pour permettre à ces hommes de ne
pas couler, d’espérer une deuxième chance, un avenir.
Récit court
dont chaque ligne expose au lecteur, le monde carcéral, le détenu, ses conditions
de vie.
Si la lecture
de ce court texte est rapide, cette prison où Philippe Claudel a œuvré onze ans
pour comprendre et aider ces hommes dont le destin a dérapé, son expérience
laisse sur le lecteur de solides traces, marque profondément l’esprit.
Philippe
Claudel n’a pas visité les détenus, mais des hommes.
Il s’est infiniment
investi.
Ce ne fut pas
ses élèves, ses étudiants, mais «ses gars».
Il leur a
témoigné du respect, de la bienveillance, et a passé des heures, des années à
partager des moments inoubliables avec eux, à leur transmettre un savoir, à
écrire parfois leurs lettres d’amour, et surtout à les écouter.
Mission que l’auteur
s’est donné seul, et longtemps. Mission qui l’a enrichi, et lui a forcément pesé aussi.
Un jour, cette
mission s’est avérée trop lourde à porter. Rien d’anormal.
Tant d’années à
se mettre au service des prisonniers, à collaborer avec une population que
beaucoup d’entre nous a plutôt tendance à oublier.
Texte
bouleversant, riche, bienveillant pour apprendre ce que vivent ceux qui par
leur(s) acte(s) vivent enfermés, privés de liberté, et sont souvent rejetés par
la société.
Le bruit des
trousseaux est une occasion d’ouvrir la porte de la prison
et de faire connaissance avec un monde méconnu.
Jolie entrée
dans l’œuvre de l’écrivain Philippe Claudel.
© Véronique Meynier,
le 14/07/2020. Article mis à jour le 27/12/2021.
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