Une mort très douce / Simone de Beauvoir
Ce court récit évoque les
derniers moments de la mère de l’auteur. Femme âgée, éloignée de Simone de
Beauvoir –féministe affirmée, qui décide de vivre pleinement sa vie- quand sa
mère est, depuis son plus jeune âge, asservie par la très rigide morale catholique.
Hospitalisée après une mauvaise chute responsable d’une fracture du col du fémur, les médecins ne tardent pas à diagnostiquer un cancer.
Le
texte est direct, et les circonstances le rendent parfois cru, dans la
description de ce corps envahit par cette tumeur.
La
fin proche de sa mère, ne rend pas Simone de Beauvoir plus affectueuse, ou plus
proche de cette femme, sur laquelle son regard reste dur : «à maman
surtout je m’appliquais à ne rien livrer, par crainte de son désarroi et par
horreur de son regard.» (p. 95).
Pourtant, la maladie de sa mère et sa mort future la désespèrent, la «déchirent» de compassion, et cette mort pourtant attendue arrive très violemment pour Simone.
La grande qualité de cet essai repose sur l’ambiguïté de la relation maternelle mise en lumière ici : attachement / détachement. Simone de Beauvoir s’est très tôt détachée des carcans, des postures que sa mère respectait. Elle a su faire preuve de lucidité, de recul, de froideur sur les limites intellectuelles de sa mère, qu’elle savait pouvoir facilement dépasser.
Simonede Beauvoir se moquait également de femmes quarantenaires ou cinquantenaires
pleurant leur mère décédée.
Son
récit très sincère fait état d’une détresse réelle et incontrôlable que chaque
femme ressent à la mort de sa mère, femme jeune, mûre ou vieille, devenant simplement
orpheline.
Toute féministe, femme émancipée qu’elle est, elle se noie comme les autres dans la peine ressentie par LA perte personnelle, mais paradoxalement universelle.
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