André GIDE / La Symphonie pastorale

La Symphonie pastorale / André Gide.- Paris : Gallimard, 1975, 148 p. (Folio : 18).



Ce court roman évoque la vie d'un pasteur et de sa famille. Composée de sa femme et de leurs quatre enfants.

Ce pasteur, forcément généreux et bienveillant -évidence qui vient de son métier choisi et de sa vocation à faire le bien autour de lui- va croiser la route d'une enfant, jeune fille aveugle, dont l'éducation a jusqu'ici été mise de côté.

Il s'avère que la vieille tante chez qui elle vivait meure. Et qu'elle devient une jeune fille seule et sans famille.

Le pasteur décide donc de la prendre sous son aile. Et de rentrer chez lui, avec elle. De l'adopter en quelque sorte, en lui donnant un domicile et une famille de cœur.

Son retour n'est pas tant apprécié qu'il l'aurait espéré par son épouse. Qui y voit tout de suite une charge, et un poids supplémentaire à ses tâches domestiques, déjà bien présentes.

Le pasteur est déçu. Il met cette réaction sur un manque de charité de sa femme, qu'il ressent vieillir dans l'égoïsme, et plus dans la générosité qu'il avait aimé lors de leur rencontre.

Ce qui le pousse à consacrer de plus en plus de temps à sa petite protégée, qu'ils nommeront Gertrude. Cette petite fille est demeurée jusqu'ici dans une condition plus qu'austère, sans aucun soin, ni éducation lui permettant de véritablement vivre.

Le pasteur prend du temps pour l'instruire, et au fil de son travail avec Gertrude, lui rend sa condition de jeune fille, emplie de curiosité intellectuelle, et de capacités immenses, qui au fil des jours, en fait une jeune fille instruite, intelligente et inspirante.

André Gide interroge ici la morale, le bien et le mal, et l'aveuglement que certaines personnes entretiennent, alors qu'ils n'ont pas la malchance d'être atteints de cécité.

La Symphonie pastorale nous questionne sur nos intentions réelles, et parfois égoïstes, qui se cachent sous l'apparence de la bienveillance, et de la morale.

Car en effet, à bien y réfléchir, qu'y a-t-il de bienveillant à vouloir faire de notre sentiment personnel, une vérité universelle ? 

Et n'est-il pas au contraire plus méritoire de brandir une vérité assumée bien qu'égoïste, plutôt que de décrire un monde lisse et verdoyant à une adolescente aveugle qui le devient doublement en écoutant une parole manichéenne et ne permettant pas de percevoir la dualité de l'humanité, et ses aspérités ?

Le pasteur fait-il tout pour Gertrude ? Sans intérêt personnel ? Et son amour qui n'était au début que paternel, ne s'est-il pas transformé en un amour tout court ? Un amour déplacé qui enferme Gertrude dans un monde où sa liberté est à nouveau impossible ?

Véronique Meynier, Article écrit le 11/11/2023 pour être partagé sur Mon Blog Littéraire de Conseils de Lecture - Ma Bibliothèque Idéale. Mis en ligne le 12/01/2025 à 16h36.

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