Les Funambules / Mohammed Aïssaoui

Les Funambules / Mohammed Aïssaoui.- Paris : Gallimard, 01/2022, 230 p. (Folio : 7029).

Citations de Mohammed Aïssaoui.


«Sans que je m’y attende, JPS [Le grand neuropsychiatre Jean-Patrick Spak] me lance : «Je connais le travail que vous faites, je voudrais que vous participiez à mon nouveau projet que j’ai pompeusement intitulé «L’écriture est la vie.» Il me tient à cœur, ce projet. Je pense que les mots peuvent, peut-être pas guérir ni réparer, mais contribuer à ce que les personnes vulnérables se sentent véritablement exister.» (p. 23).

C’est cette demande qui est au cœur du roman, et qui entraîne le narrateur au cœur des Restos du Cœur, de ses bénévoles, de ses histoires, de ses vies si dévouées.

Le narrateur, 34 ans, est arrivé d’Algérie à 9 ans, et est fils d’une mère illettrée.

La précarité, la pauvreté, les mots qui manquent, et la honte éprouvée de supporter une vie pareille. Développer LE rêve absolu : Vivre comme les autres, dans une normalité, il a baigné toute son enfance dans cette atmosphère, cette ambiance. Il connaît ce que l’on ressent dans cette situation. N’a pas à chercher des heures les idées que ces précaires ressassent au fond d’eux, chaque jour qui passe.

Mais le narrateur ne veut pas en parler. Ne veux pas évoquer ses souvenirs. Il souhaite garder cachée cette fêlure personnelle. En apaisant celle des autres par le baume de son écriture. Par son rôle d’écrivain public qui lui confère la chance de mettre en mots les maux des êtres fragilisés qu’il croise.

Les Funambules est une ode à la littérature, au sauvetage que peut représenter la plongée dans la connaissance, grâce à l’école publique, où la découverte des livres, de l’écrit donne de la force à ceux et celles dont la vie fragile ne tient qu’à un fil.

Les Funambules est un bel hommage aux Restos du Cœur, à tous ces bénévoles, ces hommes et femmes, bienveillant.e.s, dont le sens de l’existence ne repose que sur l’écoute et l’utilité qu’ils mettent au bénéfice de ceux qui sont au bord du précipice. Ceux qui sont devenus si fragiles, qu’un pas en avant les ferait définitivement plonger. Et qui grâce à eux feront un pas en arrière, s’en sortiront. Ne sauteront pas dans le vide…

Ces bénévoles magnifiques dont les gestes, l’attention auprès des précaires, diminue le poids d’un quotidien devenu si âpre.

Mohammed Aïssaoui, par ce roman, touche le lecteur, en jouant le rôle d’écrivain public, brossant des portraits plus émouvants les uns que les autres des bénévoles d’associations, où le lien social, humain, la bienveillance engendre des rencontres, qui sauvent, redonnent du courage, de la fierté aux funambules de la vie qui se redressent et se retiennent sur le fil de leur destin qu’ils poursuivent, malgré les embûches, au lieu de sombrer, et de tomber.

Très gros coup de cœur. Roman que je n’ai pas pu lâcher avant de l’avoir terminé !

A lire sans attendre… Si vous voulez passer un excellent moment de lecture !

© Véronique Meynier, le 05/04/2022. Article mis à jour le 12/04/2022.

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