La Femme que nous sommes / Deruschi Emma
La femme que nous sommes : roman / Emma Deruschi.- Paris : Flammarion, Versilio, 05/2021, 251 p.
Premier roman
édifiant sur la violence conjugale, la femme battue par l’homme qui a pourtant
été au début de leur histoire l’amour de sa vie.
Emma Deruschi
construit cette histoire d’Elisa, femme ordinaire, qui deviendra un cas de
plus, un cas de trop de femmes battues, dont s’emparent les chroniques, les journaux,
les tribunaux, qui relatent les horreurs des faits divers. Dans la
femme que nous sommes, c’est par la voix des ami.e.s, des membres de la
famille, qu’au fil des chapitres, nous faisons connaissance avec Elisa, avec
son passé, son présent, son avenir interrompu.
Construction
d’une histoire féminine que le lecteur découvre par le souvenir
d’un.e am.i.e, d’une sœur, d’une fille.
Au fil des
pages, ce sont les souvenirs de ses proches, qui dévoilent la personnalité
d’Elisa, et ce qu’elle a supporté. En fonction de ce que chacun de ces
personnes en savait.
Formidable
premier roman. Sur un sujet grave : les violences portées aux
femmes.
Cette
construction originale, le fait de faire parler à chaque chapitre par un tiers
d’Elisa, personnage central du roman, est à découvrir.
D’autres
auteurs de romans ont déjà utilisé ce procédé :
·
Sur le
couple : Blandine Le Callet dans son roman Une pièce montée,
évoquait un mariage et les mariés par les voix des invités.
·
Sur la
maltraitance d’une enfant : Alexandre Seurat dans son roman La Maladroite évoquait le silence familial, première arme capable de
faire du mal à un enfant. Jusqu’au drame.
A découvrir
sans hésitation malgré le sujet douloureux. Ou même, en raison de ce sujet
engagé, pour ne pas oublier ces femmes dont le destin bascule d’avoir croisé la
route d’hommes qui n’ont plus rien d’humain.
La femme que
nous sommes rend
hommage à ces êtres détruits et dont l’histoire n’est souvent malheureusement
révélée que lorsque plus aucune protection ne peut plus leur être
apportée.
Lecture
militante, émouvante, qui donne envie de ne plus jamais «oublie[r] à quoi
ressemblent nos proches. [Qui] plus nous les regardons, moins nous les
voyons.»
Emma Deruschi
incite avec La Femme que nous sommes à porter une attention
nouvelle à ceux que nous aimons pour ne plus prendre le moindre risque de
passer à côté d’eux, ou de ce qu’ils vivent, endurent, sans que nous le
réalisions. A ne plus les regarder vraiment, à ne plus les écouter quand ils
ont infiniment besoin de notre présence, de notre bienveillance…
Roman à lire,
et à conseiller…
© Véronique
Meynier, le 26/10/2021.
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