Papa : roman / Régis Jauffret : Conseil littéraire
Papa : roman / Régis Jauffret.- Paris : Ed. Du Seuil, 01/2020, 199 p.
«19 Septembre 2018, vingt-deux heures à peu près, je suis posé sur mon canapé, la télévision est allumée, diffusant un documentaire intitulé La Police de Vichy. Je vois apparaître l’immeuble marseillais du 4, rue Marius-Jauffret où j’ai passé toute mon enfance. […]. Deux gestapistes sortent de l’immeuble avec un homme menotté.»
Cet homme dont le visage exprime la terreur n’est autre que
le propre père de l’auteur.
Ces premières lignes de ce roman entraînent Régis Jauffret à revenir sur son enfance, à brosser le
portrait d’Alfred, père de Régis qui par ces images inattendues, ces sept
secondes de film, lui donnent une inextinguible soif de père.
Pourtant, tout au long du roman, le portrait d’Alfred n’est pas
tendre.
Si Régis Jauffret a peur de mener une enquête qui aboutirait
à découvrir que son père ait été collaborateur, il tient à rester sincère, à
faire preuve de vérité.
Aussi, si comme tout enfant, il rêve d’un père qu’il pourrait
admirer, il le montre tel qu’il était : effacé, ayant à peine existé, n’ayant
eu aucune complicité paternelle. En outre, Alfred était sourd. Ce handicap a
été lourd à porter pour l’enfant qu’a été Régis.
Pourtant, si cette autobiographie romancée est parfois dure,
ne fait aucun cadeau au père, c’est paradoxalement un sublime hommage filial,
un témoignage que quel que soit son histoire, l’amour que l’on porte à son père
est plus fort que tout.
Régis Jauffret, comme tout bon romancier, réussit à imaginer
d’autres rapports avec son père, pour faire de son enfance, une histoire
joyeuse, où moments de bonheur familiaux restent gravés dans sa mémoire.
Très joli texte, profond, sur le rapport père-fils, et sur ce
qui nous reste de notre enfance, ce qui reste le fondement de notre
personnalité, à jamais.
© Véronique Meynier, le 18/10/2020.
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