La reine Alice : roman / Lydia Flem
La reine Alice : roman / Lydia Flem.- Paris : Ed.
du Seuil, 2011, 309 p. (Points Roman : 3130).
Citations de Lydia Flem.
Citations de Lydia Flem.
Lydia Flem a l’art d’aborder des
sujets graves avec poésie et simplicité. Sûrement que son statut de
psychanalyste n’y est pas étranger. Elle analyse et parle du deuil (Comment
j’ai vidé la maison de mes parents) ou ici du cancer (La Reine Alice) avec
sincérité et presque sérénité, un recul qui lui permet de romancer ce thème
difficile avec habilité.
Alice, le personnage du roman,
«passe de l’autre côté du miroir» à
l’annonce de la maladie, comme Alice au pays des merveilles, héroïne de Lewis
Carroll «tombe» dans un pays imaginaire,
pays merveilleux où les fleurs et des personnages extraordinaires lui parlent.
Les «amis» qui soutiennent Alice
dans l’évolution réelle du cancer sont «Le ver à soie», un «troll souriant», la
«licorne», le «Blanc Lapin» ou encore la «Reine Rouge» ou la «Fée Praline».
Son imagination lui fait appeler
l’oncologue «Le Grand Chimiste» et les
personnels médicaux «Les Contrôleurs» qui lors de ses fréquentes visites à
l’hôpital s’assurent que le traitement se passe au mieux, oubliant le malade au
profit de la maladie à éradiquer.
Dans cet univers médical où une
déshumanisation inconsciente se propage, par l’intérêt que les médecins portent
à la maladie, à son traitement, et à la guérison du patient, la Reine Alice, ou
tout simplement Alice, parvient avec humour et légèreté, sans rien perdre de sa
profondeur ni de sa gravité, à faire entrevoir au lecteur le parcours du
combattant que ces mois de chimiothérapie, de soins, de fatigue, de doutes et
de baisse de moral font subir au malade du cancer.
Lydia Flem est un auteur sensible
et bluffant, par sa manière d’aborder ces sujets noirs, et de réussir à
exploiter son expérience personnelle de moments douloureux, pour en tirer des
romans plus proches d’essais sociologiques et psychologiques dont le contenu
avisé est réconfortant ou instructif pour de nombreux lecteurs.
Roman autobiographique à mettre
entre toutes les mains de ceux qui aiment les personnages forts, les histoires
pas toujours gaies, mais représentatives de nos existences. Ce roman n’est pas
triste. Son thème est rugueux. Mais le traitement littéraire utilisé est d’une
poésie et d’une rêverie qui manquent à de nombreux ouvrages écrits par des
auteurs dont le seul objectif est de détendre leurs lecteurs, qui
malheureusement s’assoupissent durant la lecture, dans l’ennui de personnages
sans consistance, sans ennuis, sans maladie, vides d’une vie avec ses hauts et
ses bas qui en font toujours partie. La vie n’étant malheureusement jamais (ou
heureusement…) un long fleuve tranquille.
© Véronique Meynier, 04/02/2018
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