Danser, encore / Julie de Lestrange

 Danser, encore / Julie de Lestrange.- Paris : Librairie Générale Française, 03/2019, 284 p. (Le Livre de poche : 35291).

Citations de Julie de Lestrange.




«Et danser, encore
Avancer toute voile dehors
Et danser encore.
Envoyer valser la mort
Dans le décor.»

Sur l’air de la chanson «Danser, encore» de Calogero, qui donne son titre au roman, Julie de Lestrange brosse le portrait d’une famille, de ses histoires d’amours et d’amitiés, profondes, durables, pour certaines entamées dans la petite enfance, et toujours présentes trente ans après.

Marco, un des fils de la famille, a lui une vie «facile», sans drame. Si ce n’est celle d’un homme de sa génération, libre, et un peu égoïste, pas impatient de fonder une famille, de devenir père, et de devoir renoncer à sa liberté au profit de plus de responsabilités.

Sa compagne, elle, ne conçoit pas une vie de couple sans jamais y voir naitre un enfant, sans connaître la joie de devenir mère. Leur séparation s’avère donc inéluctable.
Mais ce qui attend Marco est un autre bouleversement, une autre perte, qui va être un raz-de-marée émotionnel, qui va radicalement changer sa vie, et le changer, lui...

Son frère Guillaume, exilé en Asie, est mort d’un banal accident de voiture. Cette annonce brutale va être un traumatisme pour Marco, qui décide de partir en voyage, comme en pèlerinage, sur les routes qu’a traversées son frère.
Danser, encore est un roman plus profond qu’il n’y parait au premier regard, à la première lecture.

Il se découvre d'abord d'une attention légère, d'un petit appétit, ressenti pour un instant offert de lire, en profitant de la belle lumière de ce début de printemps. La couverture du roman fait d'ailleurs penser à une lecture récréative, semblable aux lectures reposantes adaptées aux heures passées sur le sable des bords de mer.

Mais au fur à mesure que le lecteur fait connaissance avec ces personnages, cette famille qui vient de perdre l’un de ses membres, une chaleur plus intimiste intensifie la profondeur de leur histoire, où il est facile d’y trouver un écho personnel, une émotion universelle.

Roman chaleureux qui évoque que chaque perte, chaque douleur, chaque difficulté vécue dans une vie donne une force évidente de vouloir profiter de chaque instant avec ceux qui sont vivants, avant qu’un autre être aimé tire à son tour sa révérence. L’envie irrépressible de ne plus perdre de temps, de prendre du recul, de ne plus mettre en avant ce qui n’est que superficiel… Le sens de la relativité que la mort d’un proche développe chez chacun de ceux qui restent. Qui vivent une deuxième existence, après cette mort (le premier jour du reste de leur vie…).

Danser, encore, envoyer valser la mort… Et ressentir que même si perdre quelqu’un, avoir peur pour quelqu’un est douloureux, rien n’est jamais mieux que de prendre ce risque, d’avoir la chance d’aimer encore, de s’inquiéter encore, tant qu’il est encore temps, même si aimer n’est jamais être tranquille, jamais être serein, mais bien plus angoissant. Avoir connu une mort proche donne la lucidité pérenne que tout existe, mais que rien ne dure, que le bonheur n’aura qu’un temps, qu’il aura une fin… 

IL FAUT profiter de l’instant… Ce n’est plus un choix, c’est devenu un LEITMOTIV.

Danser, encore, tant que l’on est vivant… Il sera bien temps d’être tranquille, calme, rassuré quand la mort sonnera à notre porte, et que plus rien ne pourra nous atteindre… Quand la fin de l’instant, ce sera demain ou même MAINTENANT…

© Véronique Meynier, le 25/03/2021. Article mis à jour le : 30/07/2022.

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