Un bonheur que je ne souhaite à personne / Samuel Le Bihan


Un bonheur que je ne souhaite à personne / Samuel Le Bihan ; Préf. de Jean-Christophe Rufin.- Paris : Flammarion, 10/2018, 246 p.

Premier roman de Samuel Le Bihan, dont le sujet principal est l'autisme. Et les difficultés, le parcours du combattant que mène une mère pour scolariser son enfant, et l'insérer par moments dans une vie normale, dont il est bien trop souvent exclu.

Samuel Le Bihan s'inspire des histoires bouleversantes d'Estelle Ast-Verly et de Maryna Zholud, pour proposer son personnage de Laura, mère déterminée à ce que la société fasse une place à son fils autiste César. Ses deux inspiratrices involontaires se sont toutes les deux fait connaître, Estelle, pour être montée à l'aide d'une grue à 30 m au-dessus des allées Jean Jaurès de Toulouse pour que l'Auxiliaire à la Vie Scolaire de son fils Allan, autiste, ne lui soit pas retirer en cours d’année, comme son contrat le prévoyait, et Maryna, vivant à Lyon avec son fils Timothée, autiste, non-admis à se réinscrire dans son collège de secteur, qui s'enchaîne sur le portail du collège en signe de protestation.

Laura, la mère du roman, miroir de ces deux femmes, a tout sacrifié de sa vie personnelle et professionnelle dans l'objectif de défendre son fils et de lui permettre d'avoir une place dans la société. Elle y consacre chaque minute de sa vie, pense à César à chaque seconde.

Laura est déterminée à obtenir que les droits de César à être scolarisé soient respectés. Pour cela, elle collabore avec d'autres parents qui n'acceptent pas que leur enfant autiste n'ait qu'une seule issue : l'hôpital psychiatrique. Car si l'enfant autiste a bien des difficultés de communication, sa faculté d'apprendre est, elle, intacte, en aucun cas dégradée.

Mais la scolarisation ne peut avoir lieu sans l'Auxiliaire à la Vie Scolaire (AVS), accompagnant rare et difficile à obtenir, et ensuite à conserver.
L'absurdité du système qui apporte rarement cet AVS est aberrante. Quand il arrive enfin, après tant d’attente, il s'avère souvent très motivé, bien qu'il ne connaisse la plupart du temps rien au handicap, et n’a suivi aucune formation spécifique, mais apprend toujours au contact de l'enfant dont il s'occupe, mais dont il se sépare malheureusement souvent très vite, en raison d'un contrat précaire et ponctuel, que l’administration ne pérennise pas.

Samuel Le Bihan s'inspire de ces femmes battantes et prêtes à tout, pour que leur enfant ait une place, progresse, ne soit pas oublié. Ce roman s'inspire et rend hommage à sa propre fille, autiste, pour laquelle il espère que d'autres méthodes, d'autres façons d'intégrer les enfants handicapés se développent pour qu'ils acquièrent une certaine autonomie, et que cette acceptation devienne plus évidente.

Un bonheur que je ne souhaite à personne est un roman plein de tendresse et d'amour, de volonté et de courage, qui évoque le combat quotidien des parents d'enfants autistes, pour que les écoles s’ouvrent et deviennent accessibles à tous les enfants, quelques soient leurs différences.

Joli roman, et joli style. Ode à l’enfance, et au courage d’une mère, dont l’amour qu’elle porte à son enfant est la plus grande force, capable d’abattre tous les obstacles.

© Véronique Meynier, le 05/04/2019.

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