Comment j'ai vidé la maison de mes parents / Lydia Flem



COMMENT J’AI VIDE LA MAISON DE MES PARENTS / Lydia Flem.- Paris : Seuil, 2004, 160 p. 




Titre amusant, qui ne reflète en rien le sujet douloureux du livre : le deuil.

Lydia Flem qui hérite, par voie notariée, de sa mère veuve et maintenant décédée, est envahie de doutes. Effectivement l’angle de l’auteur est le bon : hériter n’est pas léguer, et l’héritage n’est pas un cadeau. 

Sans testament et acte volontaire des défunts pour transmettre leurs biens à leurs enfants, il est difficile de ne pas avoir l’impression de cambrioler ses parents ou de violer leur intimité. 

Trier leurs objets, leurs souvenirs, signifie s’approprier, ce qui hier nous était interdit. Prendre, donner, jeter un rien devient un cas de conscience puisque des êtres chers y étaient attachés et que pour toute décision une culpabilité pèse sur nos épaules. Aucun détachement n’est possible, l’émotion déborde quand ce tri, cette sélection, cette mise à nu nous expose à notre propre histoire. Le style est limpide et le roman se dévore d'un trait, malgré la gravité du sujet.

Ce roman est très proche de "L'invention de la solitude" de Paul Auster, qui par cette autobiographie, et l'écriture continuait à rendre son père sinon vivant, du moins présent à sa mémoire.

Paul Auster évoque également cette difficulté à trier les objets personnels de son père, avec cette même culpabilité, ce manque de naturel, qui l'obsède, jusqu'à lui faire imaginer que son père défunt pourrait absurdement surgir dans la pièce et lui demander des comptes pour justifier tant de sans-gêne de la part de sa progéniture.

Les deux auteurs découvrent une partie de l'histoire de leur parent perdu, par la lecture de leurs documents personnels qu'ils doivent trier, jeter... Paul Auster et Lydia Flem font plus ample connaissance avec leur père et leur mère respectifs, qu'ils viennent de perdre et qu'ils découvrent par une mise à nu de leurs souvenirs.
  
Ce thème du deuil, de la perte, est un thème universel qui touchera le lecteur à coup sûr.
Très joli roman sur un sujet sensible, dont l'enfant, même devenu adulte ne se remettra jamais complètement.

A lire aussi L'invention de la solitude de Paul Auster http://conseilsdelectures.blogspot.fr/2012/08/linvention-de-la-solitude-paul-auster.html


(c) Véronique MEYNIER, le 15/04/2016


Quelques mots sur l’auteur : Psychanalyste et auteur de plusieurs livres sur Freud, Casanova et l'amour à l'opéra ('La Voix des amants' en 2002), Lydia Flem se définit volontiers comme une "conteuse".


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